Cette année encore les Archives françaises du film du CNC sont honorées d'inscrire leur nom au générique du festival de Pordenone. Ce rendez-vous annuel est l'occasion de montrer à un public averti quelques unes des 15.000 oeuvres restaurées, films rares et souvent oubliés, mais qui pourtant ont apporté leur contribution à l'histoire du cinéma.
Pour fêter leurs quarante ans, les Archives sont heureuses de présenter un ensemble de films qui, dans leur diversité, manifestent l'un des principes ayant présidé à la création et à la perpétuation de leur mission : la défense et l'illustration de tout le cinéma, de tous les cinémas en dehors de toute inféodation à un courant esthétique ou critique. Réalisés à une époque où l'on a retenu les noms de L'Herbier, Delluc, Gance ou Dulac plus que ceux des metteurs en scène ayant oeuvré ici, ces films n'en brossent pas moins un aperçu varié de la création cinématographique française des années vingt. Délaissant peut-être les avancées narratives et formelles de ce que l'on a appelé « l'avant-garde » ou encore la « Première Nouvelle-Vague », ces oeuvres n'en manifestent pas moins une grande qualité esthétique et un souci du récit bien mené, que ce soit sur le mode fictionnel ou documentaire.
Comédie élégante, drames d'inspiration contemporaine, littéraire ou religieuse, essai documentaire, chacun des films témoigne du grand soin apporté par leurs metteurs en scène au traitement de la lumière en intérieur ou en extérieur, aux cadrages signifiants et au rythme narratif. Et s'il faut distinguer l'un plutôt que l'autre retenons la délicatesse de la photographie de René Moreau dans Graziella et la poésie inventive d'André Sauvage à laquelle le chaland de Jean Vigo rend un vibrant hommage dans l'Atalante. |